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JEAN-JACQUES LEBEL
L'Etat normal, réponses


Quatrième compétition internationale du film expérimental / Questionnaire Questionnaire à remplir à la machine à écrire et à faire parvenir à la Cinémathèque royale de Belgique, Palais des Beaux-Arts, Ravenstein 23 à Bruxelles, avant le 1er octobre 1967.


Titre original du film : L'ÉTAT NORMAL
Année de réalisation : 1967
Pays de production : FRANCE
Éventuellement, compagnie de production (nom et adresse) :-
Festivals ou congrès auxquels le film a participé, et éventuellement, prix obtenus :-
Réalisateur du film (nom et adresse) : JEAN-JACQUES LEBEL 12 RUE DE L'HÔTEL COLBERT - PARIS 5ème.
Scénariste : J. J. LEBEL
Adaptation, dialogues, commentaire : J. J. LEBEL
Prise de vues : GUY JOB ET SEAN FLYNN
Décors : NATURELS
Montage : GUY JOB
Musique : LES SOFT MACHINE
Voix / Interprètes : -
Format (16 ou 35 mm) : 16 mm
Son (optique / magnétique sur film / magnétique séparé 16 mm / muet) : MAGNÉTIQUE
Écran normal ou large (système optique) : NORMAL
Métrage : -
Durée de projection (16, 24 ou 25 images/sec) : 36 min.
Langue des dialogues ou du commentaire : FRANÇAIS
Langue des sous-titres : - Noir et blanc / couleurs (marque du procédé) : N ET B + AGFACOLOR
Vues réelles ou animation : VUES RÉELLES
Bref résumé du sujet (joindre le maximum de documentation : synopsis, déclaration d'intentions, photos du film et du réalisateur, bio-filmographie du réalisateur) : IL S'AGIT D'UN COLLAGE DE HAPPENINGS ET DE " RÉALITÉS " (VOIR SYNOPSIS DÉJÀ ENVOYÉ), DE FÊTES RITUELLES PENDANT LESQUELLES LES ÊTRES SORTENT DE DERRIÈRE LEURS MURS ET RETROUVENT L'ÉTAT NORMAL. LE FILM S'INSCRIT EN FAUX CONTRE TOUTES LES " VALEURS" MORALES, ESTHÉTIQUES ET POLITIQUES DE LA SOCIÉTÉ INDUSTRIELLE.
Le film a-t-il été conçu spécialement pour cette compétition ? OUI
Le film a-t-il été conçu spécialement pour la télévision ? NON
À qui le film doit-il être retourné ? OUI
Nom, qualité et adresse du soussigné : JEAN-JACQUES LEBEL, RÉALISATEUR 12 rue Hôtel Colbert Paris 5e Date et signature : Paris, le 23 octobre 1967 [signature de] Jean-Jacques Lebel.
Archives de la Cinémathèque royale de Belgique. Document aimablement communiqué par Xavier Garcia Bardon.

Mon film - l'État normal - s'est perdu ou, plus exactement, a été plus ou moins délibérément détruit ou égaré par les organisateurs du Festival de Cinéma Exprmtl de Knokke-Le-Zoute en 1967, où j'ai voulu le présenter. Ce film a été refusé par le jury d'admission en même temps que le beau film de Yoko Ono #Four et plusieurs autres (notamment celui de Pierre Clémenti si mes souvenirs sont bons). Il ne m'a pas été restitué par les gens de Knokke, ce qui, probablement, constituait une sorte de représailles ou de vengeance après l'éclatement du (très gros) scandale provoqué par mon happening (avec Yoko Ono) l'Élection de Miss Exprmtl qui a " squatté " et évincé la remise des prix du festival et suscité de sérieuses bagarres avec les flics. La direction du festival a peut-être perdu mon film, en tout cas elle ne l'a jamais rendu (1) et (selon Dominique Païni) il n'en reste pas trace à la Cinémathèque royale de Bruxelles que dirigeait Jacques Ledoux, fondateur du Festival de Knokke-Le-Zoute. Après mon arrestation et mon incarcération à la prison de Mons - suite au happening, finalement prémonitoire des événements qui allaient éclater dans le monde entier en 68 -, je n'ai jamais eu le temps, ou l'occasion, ni l'envie de réclamer ce film à Ledoux qui, d'ailleurs, est mort peu après.
L'opérateur de mon film était un type très improbable, Guy Job (qui " aimait les artistes ") et qui sévissait dans les émissions de variétés les plus médiocres à la télé française. Il s'est contenté de filmer et de monter ce que je lui disais de filmer et de monter. Peut-être en a-t-il conservé une copie ou des rushes... Je n'en sais rien car, après 68, je ne l'ai plus jamais revu.
Les photos [du film] que J.-P. Bouyxou a gardé sont celles d'une scène de happening Sunlove : une cinquantaine de corps nus agissant dans une piscine avec un énorme " serpent " (2) gonflable de cinquante mètres de long à Gassin, à l'époque - l'été 67 - où j'ai monté le Désir attrapé par la queue de Picasso sous un chapiteau, à St. Tropez. Dans ce film, il y avait aussi des scènes du Désir, beaucoup de collages aléatoires d'images fixes disparates tournées au banc-titre et une autre scène de happening improvisée dans la forêt normande. (...) Je crois me rappeler que la scène dans la forêt avait été tournée par un ami photographe (Sean Flynn, le fils d'Errol Flynn, mort au Vietnam l'année suivante).
À cette époque-là (celle du Free Jazz, des Provos, des Situs, du Living Theater, du " shit pour tous ", des happenings, et de l'apparition des pilules anticonceptionnelles...), l'idée maîtresse était que le cinéma, la poésie, la musique, l'art, la politique devaient être vécus tous à la fois, " hic et nunc ", dans l'urgence et l'immédiateté absolues. Nous nous souciions peu - trop peu - de laisser une trace qui, après coup, fasse œuvre. L'expérience vécue - souvent hallucinatoire - primait sur le " résultat " esthétique et sa pérennité. Artaud avait transformé toutes nos pratiques, tous nos objectifs.